mercredi 5 septembre 2018

La grossesse extra-utérine ça n'arrive pas qu'aux autres.

La grossesse extra-utérine est la première cause de mortalité féminine au cours des trois premiers mois de grossesse. Je vous rassure je ne le savais non plus. Elle survient dans 2% de cas... 

Ça semble peu mais au final il suffit d'en parler un peu autour de soi pour se rendre compte que pas mal de femmes qui nous entourent ont vécu ce triste événement. J'ai une cousine qui en a fait d'ailleurs l'amère expérience il y a peu.

Si j'écris cet article c'est parce que je trouve qu'on ne parle pas suffisamment de la grossesse extra-utérine aka la GEU. Je pense sincèrement que toutes les femmes enceintes devraient être au courant de la GEU et de ses symptômes afin d'être prises en charge au plus tôt.

La GEU je n'en avais jamais vraiment entendu parler jusqu'à ce que deux copinettes d'Instagram en fasse la triste expérience. 

Je ne publie pas cet article pour me faire plaindre ou me faire plaindre, je me suis parfaitement remise physiquement et psychologiquement de ce difficile événement même si j'ai failli clairement y passer dans l'histoire et que j'ai perdu une trompe gauche. J'ai même eu l'heureuse surprise de retomber enceinte très vite...Mais ça c'est une autre histoire.

Il y a différentes formes de GEU moi j'ai eu la plus courante celle où l'oeuf  pour je ne sais quelle raison reste coincé dans la trompe et bien entendu en grandissant ça finit par faire éclater la dite trompe. 





Passons au vif du sujet. 

Le 13 février 2018, je suis censée avoir mes règles. J'ai cette intuition d'être enceinte mais je décide d'attendre le 14 février pour faire pipi sur mon test de grossesse parce que c'est tellement plus mignon de faire ça le jour de la Saint Valentin. 

Je n'ai pas fait le test au réveil, parce que même si j'avais au fond de moi cette intuition d'être enceinte j'avais cette peur malgré tout d'un négatif et d'être déçue.

Mais ça n'a pas été le cas, le test a viré immédiatement au +++ 

Aux vues de ma FC de l'année précédente, malgré ma joie je n'ai pas voulu trop m'investir dans cette nouvelle grossesse parce que après tout on ne sait jamais. Intuition quand tu nous tiens...

Pour le début de cette grossesse, je n'ai pas eu de nausée, pas spécialement de fatigue, juste mal aux seins (le grand classique) et puis peu à peu j'ai eu régulièrement au niveau de l'ovaire gauche des douleurs suffisamment fortes pour que cela me dérange et m'inquiète.

Google m'a d'ailleurs confirmé que les douleurs unilatérales étaient un symptôme de la GEU.

Le 27 février, cette petite douleur lancinante persiste et  commençe vraiment à m’inquiéter. Je sais que ce n'est pas normal. Après tout ce n'est pas ma première grossesse. Par précaution, je préfére me rendre aux urgences par sécurité parce qu'on ne sait jamais quoi. 

Je n'ai pas été très bien accueillie et je ne me suis pas sentie très entendue. 

Après une écho vaginale...le truc trop génial...un vrai bonheur à vivre...le gynécologue m'explique que j'ai un kyste à l'ovaire gauche (c'est d'ailleurs marqué noir sur blanc le contre-rendu que j'ai à la maison rangé dans mon bureau). Je reste perplexe. Trouvant ça bizarre j'insiste et demande si la grossesse est bien dans l'utérus car franchement je mettrais ma main à couper que je fais une GEU.

On m'a répondu oui, elle est bien dans l'utérus  même si on ne voit pas trop et on me donne rdv une semaine après pour voir comment ça évolue...

Rassurée (enfin en partie...) je rentre à la maison. 

Les jours passent, j'ai toujours cette douleur similaire à une douleur des règles mais puisque c'est soit disant un kyste je ne m’inquiète pas (après on va pas se mentir, je ne suis pas sereine à 100%)

Samedi 03 mars, je fais ma séance de musculation tranquille quand d'un coup je ressens une vive douleur dans le bas ventre. Suffisamment forte pour que je décider d'abandonner ma séance et me pose sur le canapé. J'ai beau me reposer, ça ne va pas mieux. Je suis même tordue de douleurs. Je préviens ma mère lui disant qu'il faudrait peut-être aller aux urgences parce que ce n'est pas normal.

Finalement la douleur se calme. J'ai toujours un peu mal, j'ai du mal de respirer mais comme je suis une personne qui stresse facilement je me dis qu'après tout ça doit être être juste du stress comme on me le répète tout le temps et que ce n'est pas la peine d'aller embêter les urgences. 

Dimanche je ne me suis pas spécialement levée en forme mais je fais malgré le grand ménage de la chambre de ma fille et plein d'autres choses. J'avoue qu'à l'heure d'aujourd'hui je me demande comment je suis parvenue à faire tout ça. 

Je trouve mon ventre plutôt mou en me disant au fond de moi « comme s'il était rempli de sang ». Des fois on a des pensées bizarres. 

Les heures passent, je finis par avoir une barre à l'estomac mais une fois de plus je me dis que ce sont mes reflux dû au stress qui sont de retour. 

Et là je fais une pause dans mon récit pour vous dire qu'il faut arrêter de croire que tous les symptômes bizarres qu'on a sont dû au stress. Etant une personne stressée depuis toujours dès que j'ai un truc mon médecin me dit que c'est le stress, j'ai fini par le croire aussi alors que je sais pertinemment faire la différence entre mes symptômes de stress et ceux qui n'en sont pas. 

Fin de journée ma mini chou rentre de chez son père, on fait gros câlins sur le canapé. Ce n'est toujours pas la grande forme. Mais comme c'est la fête des grands mère on fait un petit apéro en famille pour fêter ça. J'en profite pour annoncer à ma mini chou que je suis enceinte. 

Vers 20h je fais la vaisselle et commence à préparer le repas. Et puis d'un coup j'ai l'impression que mon ventre se déchire de l'intérieur. Je serais incapable de décrire exactement la douleur. Elle est tellement vive que je suis obligée de me coucher par terre. Je peux voir dire que 6 mois après je me souviens encore précisément de cette douleur. C'est simple je n'ai jamais autant souffert de ma vie même pendant mon premier accouchement.

 A ce moment précis je dis  à l'amoureux « on file aux urgences ». J'envoie ma fille chez ma mère. J'ai la tête qui tourne, je suis au bord de l'évanouissement. Je me concentre au maximum car dans ma tête je me dis que si je m'évanouie je vais mourir.

Je descends difficilement les escaliers. M'installer dans la voiture est douloureux. Même assisse j'ai la tête qui tourne. J'ai peur.

J'arrive aux urgences, pliée en deux j'essaie d'expliquer que j'ai mal au ventre, que ça a commencé  la veille durant ma séance de sport,  que je suis enceinte et que j'ai un kyste à l'ovaire.

Le gars de l'accueil est plus que désagréable. Il me reproche de ne pas être aller voir un médecin samedi. Ben oui mais le samedi y a pas trop de médecins qui consultent... Je suis de plus en plus pliée de douleurs, la tête qui tourne. Je n'arrive même plus à parler. C'est l'amoureux qui termine mon enregistrement aux urgences. Je finis par me mettre assise par terre dans le couloir contre un mur. J'ai l'impression qu'on me broie l'estomac. Je tords et hurle de douleurs

Je ne sais pas combien de temps j'ai attendu. J'ai cru que j'allais mourir dans ce couloir devant tout le monde. Le gars de l’accueil, toujours aussi agréable, finit par me faire entrée aux urgences. D'un air hautain il me dit que j'ai de la chance car hier il y avait plusieurs heures d'attente aux urgences. Mais oui gros, si je suis là c'est pour le plaisir...

Il me dit de passer une blouse et d'aller faire pipi dans un récipient. Les wc sont à l'opposé de la salle, je tiens à peine début et je dois y allée seule.J'ai peur de m'évanouir. Je ne ferme pas à clé les WC tellement j'ai peur de m'écrouler dedans. Je retourne avec bien du mal sur le brancard où un médecin ne tardera pas trop à venir m'ausculter et m'envoyer en gynéco illico presto. 

On m'emmène en chaise roulante en gynéco. Même assisse ma tête tourne. Chaque aspérité du sol me tord de douleurs. J'ai de plus en plus mal. C'est de pire en pire.

Je m'installe sur un lit,une sage femme me fait une échographie. Elle me montre le bébé, me dit qu'il va bien. Tout semble aller, je suis rassurée sur le coup. Puis elle s'éclipse pour confirmer le diagnostique auprès d'un collègue. J'avoue qu'à partir de ce moment y a des trucs que j'ai raté, des trucs que je n'ai pas compris ou que je ne voulais pas comprendre.

Un sage femme (oui oui c'était un homme) arrive, je l'entends dire que même lorsqu'il n'est pas au boulot il vient travailler. Chose que je ne comprendrais seulement le lendemain quand il viendra me rendre visite après mon opération : sa femme accouchait.

Il me refait une échographie. Rien que de passer la sonde sur mon ventre je ressens des douleurs insupportables genre un accouchement x3. Je ne pensais pas qu'on pouvait avoir aussi mal.
Il m'explique que j'ai du sang dans le ventre, qu'à partir de maintenant en gros toutes les minutes comptent.

On commence à me préparer par tous les bouts : perfusion, oxygène, sonde urinaire (ça fait un mal de chien ce truc), bas de contention, démaquillage au liniment  Dès qu'on me touche j'ai mal au point de presque m'évanouir. J'ai froid, j'ai chaud je tremble. Tout le monde est gentil. J'ai peur. Je m'en veux de ne pas avoir pris le temps d'avoir fait un bisou à ma mini chou avant de partir, j'ai peur de ne jamais la revoir. Je flippe parce que je ne suis pas à jeun pour être opérée. Je suis vraiment persuadée que je vais mourir et je peux vous dire que c'est une des pire sensation au monde. A ce moment précis on se rend compte que la vie même si elle n'est pas toujours rose est un cadeau et qu'on y tient plus que tout.

Pour descendre en salle d'opération on me change de lit, rien que bouger d'un pouce me fait mal. Rebelotte avant la salle d'opération...

Juste avant d'être opérée le gynécologue vient me voir, le même que le mardi. J'ai beau être à deux doigts de clamser, je lui fais la remarque que j'étais venue mardi et qu'il m'avait dit que c'était un kyste...

Me voilà en salle d'opération. C'est blanc, il fait froid. J'ai peur. Je me sens seule. Je suis persuadée que je ne vais pas m'en sortir (je sais je me répète mais c'est vraiment ce que je pensais à ce moment précis) Tout le monde s'affère autour de moi. L'infirmière installe une couverture chauffante. Malgré la situation je lui dis en plaisantant que je veux la même pour chez moi. Elle me répond en souriant que la liste d'attente est longue. Tout le monde s'affère. J'entends la préparation des instruments, ça me glace le sang.

L'anesthésiste me met enfin le masque. Il me dit de respirer au maximum. Je lui dis que c'est impossible tellement j'ai mal aux poumons. Il me répond que ce n'est pas grave. Il appuie sur le masque, me dit que ça va être désagréable. Le temps semble s’éterniser, j'ai mal, j'ai envie que tout s'arrête tellement je n'en peux plus. Il m'appuie sur la trachée, c'est de plus en plus désagréable et je me sens enfin partir. J'ai peur mais je suis tellement soulagée.

Je me réveille quelques heures plus tard, je regarde le plafond, je suis en vie. Putain de soulagement, je suis vivante. J'ai un masque à oxygène qui me gène. On m'explique que j'ai perdu 1,5l de sang, qu'on a du me transfuser, que j'ai perdu ma trompe gauche. 
A ce moment précis je m'en fous de tout, d'avoir perdu ma trompe, d'avoir perdu mon bébé, je suis juste reconnaissante d'être en vie. Encore aujourd'hui je pense la même chose. Mais bon je m'en serais bien passée de tout ça!

L'amoureux vient me voir, je me rappelle précisément lui avoir dit que je ne voulais plus jamais être enceinte de ma vie.

Je passerais 8h dans le service de soin continu à appuyer tous les 10 minutes sur la pompe à morphine pour ne plus avoir mal. Elles étaient longues ces heures toute seule couchée dans ce lit branché de partout à regarder le plafond. Les personnes qui m'ont préparé pour l'opération sont passées 2 fois me voir ce que j'ai trouvé adorable.

J'ai eu de la chance, je n'ai eu qu'une cœlioscopie aka on te fait 3 trous dans le bide et on te gonfle un max le ventre avec du gaz pour t'opérer. Je suis même allée voir sur Youtube en quoi ça consistait (j'avoue je suis curieuse) Il paraît que l'anesthésiste voulait à tout prix qu'on m'ouvre le ventre sur 10 cm mais le gynécologue aurait gueulé un bon coup.

J'ai passé 3 jours à l'hôpital. J'étais heureuse de sortir (surtout à cause de la bouffe) mais j'étais également terrorisée qu'une complication arrive une fois à la maison. 

Je me suis bien remise. J'ai dû avoir environ 3 semaines de douleurs. J'ai repris le sport assez rapidement. J'ai été surtout très fatiguée...mais bon ça c'était surtout le résultat de l'hémorragie interne...niveau transfusion j'ai dû avoir 3 poches de sang et 2 de plasma. 

Même si cet épisode est digéré, j'avoue que j'en veux au gynécologue d'avoir merdé au niveau du diagnostique le mardi. Il m'a dit à la consultation post op que les GEU s'étaient la bête noire des gynécologues, ok mais dans ce cas faudrait être un peu plus vigilant et écouter les femmes

Je me rends compte d'une chose c'est qu'une fois de plus on écoute pas les femmes pourtant on connaît notre corps bon sang !

Durant mon hospitalisation on m'a demandé comment j'avais été accueillie aux urgences, je ne me suis pas gênée à raconter l'histoire du gars ultra désagréable. Le gynécologue (un autre que celui qui m'a opéré) m'a dit que malheureusement ça ne l'étonnait et que normalement du moment qu'une femme enceinte arrive aux urgences, ils doivent l'envoyer en gynéco obstétrique. 

Pour conclure ce texte peu joyeux, je pense qu'on devrait faire à toutes les femmes une échographie assez tôt de grossesse pour vérifier que la grossesse est bien placée. Ça éviterait des cas comme le mien. Parce qu'avec une GEU prise au bon moment on peut éviter l'opération.

Mais bref si vous êtes en début de grossesse, que vous avez des douleurs bizarres il vaut mieux consulter. Je pense qu'il vaut mieux consulter pour rien et être rassurer. 

Aujourd'hui je vais bien. Souvent les gens me pensent marquée et traumatisée par cet épisode. Bizarrement je l'ai parfaitement digéré. Ce que je vais vous dire est bateau mais d'avoir frôlée la mort je vois la vie autrement.  Mais je sais que ce n'est pas le cas de tout le monde pour avoir lu pas mal de témoignage sur la question.

J'ai voulu raconté ce triste passage de ma vie parce que voilà la grossesse extra-utérine ça n'arrive pas qu'aux autres, c'est quelque chose qui peut être extrêmement dangereux et parfois les professionnels ils ratent sérieusement le coche. Je ne vais pas les blâmer, je sais qu'actuellement les situations sont compliquées pour les patients et les soignants. Mais je me répète je pense sérieusement qu'on écoute pas suffisamment les femmes et c'est bien triste.

Allez je vous dis à bientôt dans un article plus joyeux


Bisous les gens





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