lundi 15 octobre 2018

Grossesse et TCA

Je me souviens une des premières choses que l'on m'a dite quand j'ai déclenché mes troubles alimentaires : « Non mais si tu continues comme ça, tu ne pourras avoir jamais d'enfants ».( Je vous épargner le « Mais tu vas faire des bleus à ton copain »...je n'avais même pas débuté ma vie sexuelle à l'époque!)

C'est une phrase qui m'a énormément marqué dans le sens où s'il y a bien une chose que je sais depuis toujours c'est que je veux être maman. 

Est-ce que les troubles alimentaires rendent posent des problèmes de stérilité ? D'après les recherches pas particulièrement. Bon après ça va de soi que si le poids est trop faible c'est compliqué puisque le corps se met en stand-by mais une fois que le poids est dans la "normalité" et que le mental va bien il n'y a pas de raison que ça ne fonctionne pas.

J'ai eu plusieurs période d’aménorrhée dont une de 4 ans et ça ne m'a pas empêché de tomber enceinte plusieurs fois. 

Pour ma première grossesse, il y a presque 9 ans maintenant  ( à 2 mois près puisque ma mini chou a eu ses 8 ans) j'étais encore marquée par l'anorexie. Je n'étais pas maigre, mes cycles étaient normaux mais mon alimentation était des plus anarchiques et pas équilibrée pour un sous. Soit je m'affamais soit je me gavais. Bref pas terrible surtout psychologiquement parlant.

Et puis début janvier 2010 test de pipi positif suite à un retard de règles. 

Bébé surprise pas prévu du tout car j'avais mis ce projet de côté comme ça n'allait pas trop à l'époque entre TCA et dépression. Et puis ma mini-chou a eu la bonne idée de s'inviter.

Sur le papier ça a été une grossesse de rêve, tout s'est parfaitement déroulé du début à la fin même mon accouchement bien qu'un long à mon goût a été parfait.

Dans la réalité par contre ça a été un peu plus compliqué. 

J'ai déjà été franche dès le début avec la sage-femme qui me suivait. Il était hors de question de cacher mes TCA, ce n'était déjà pas une honte et je voulais faire au mieux pour mon bébé.

Bon je peux vous dire que je l'ai amèrement regretté car cette sage-femme s'est avérée être une sale garce qui me faisait sans cesse des remarques ultra désagréables et cherchait toujours à me culpabiliser vis à vis de mon alimentation et de ma prise de poids. Du genre « Non mais il ne faut pas manger une pomme au goûter, le sucre va vous tomber sur les fesses et vous ne trouverez plus d'homme » (j'étais maman solo à l'époque). Je vous jure elle me l'a vraiment dit, j'en suis encore marquée. Aujourd'hui je claquerais la porte de son bureau: 

Heureusement que la santé de mon bébé était pour moi la chose la plus importante car avec ce type de paroles j'aurais pu tout simplement arrêter de manger du jour au lendemain. Elle se débrouillait aussi pour que je sache mon poids alors que je ne le voulais pas. 

J'ai continué à manger et à prendre du poids même si c'était compliqué. Le plus important c'était ma fille. Les kilos de grossesse je n'avais aucuns doutes de les perdre après, je savais m'affamer après tout, c'est ce que je me répétais régulièrement dans ma tête.  D'ailleurs qu'est-ce que je pouvais l'écrire dans mes carnets intimes de l'époque (qui ont fini à la poubelle depuis)

J'ai fini par refuser de voir cette sage-femme...enfin je devrais dire cette folle ! Et ça a été bien mieux. La gynécologue qui m'a suivi été bienveillante et ça ne la gênait pas que je ne voulais pas connaître ma prise de poids. 

Oui pour ma première grossesse, je me suis toujours pesée de dos. Je n'ai jamais voulu savoir combien j'avais pris. 

Accepter la prise de poids était psychologiquement compliquée alors je ne voulais pas rajouter un chiffre par dessus je n'en voyais pas l’intérêt.

J'ai très peu de photos de moi enceinte de Juliette. Je ne supportais pas me voir en photo, dans le miroir ou en reflet dans les vitrines. 

Niveau alimentation j'ai remangé mieux du jour au lendemain. Je faisais pas mal de compulsions alimentaires mais c'était la suite logique de la privation et de la frustration d'avant.  Ce qui fait que j'ai pris vite du poids ce qui n'avait pas plu à la sage-femme que j'ai évoqué plus haut. Après je ne suis pas devenue énorme, j'ai toujours mis mes fesses dans du 36 de grossesse.

J'avoue qu'avec ma vision de la nutrition d'aujourd'hui, l'équilibre alimentaire n'y était pas mais je ne m'affamais plus. La santé de mon bébé m'importait plus que ma prise de poids.  

A la maternité j'étais également suivie par une psychiatre, comme je vous l'ai dit plus haut le plus important était mon bébé. Je la voyais donc chaque mois. Je ne sais pas si elle m'a aidé mais au moins j'ai arrêté mes antidépresseurs en début de grossesse et je n'ai jamais repris même si à la sortie de la maternité la psychiatre voulait m'en represcrire. Ah non plus jamais je n'en reprendrais !

Et alors ça a donné quoi post-partum ? Devenir maman ça m'a déjà redonné goût à la vie. Ça n'a pas éradiqué les troubles alimentaires mais ça a guérit la dépression. Etant donné que ma dépression était un moteur des TCA, les TCA se sont un peu apaisés.

Les premiers mois de ma  vie de maman, j'avoue que je n'en avais rien à faire de mon apparence,de mon poids, si mon ventre était redevenu plat ou non... Je suis d'ailleurs toujours surprise sur les réseaux sociaux de voir la compétition entre certaines mamans, c'est à celle qui retrouvera au plus vite son corps d'avant. 

J'aurais mis 7 ans pour dire adieu aux troubles alimentaires et je peux vous dire que cette seconde grossesse sans TCA c'est comme même bien mieux. 

La motivation pour guérir, c'est ma fille qui me l'a donné et puis je ne vais pas vous mentir je n'en pouvais plus des TCA et il était hors de question de passer ma vie avec. 




J'espère que cet article vous a plu.


Si vous avez des questions n'hésitez pas.


 A bientôt les gens


Bisous










Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire