Parce que j'avais besoin d'y mettre des mots. Ce texte reflète avant tous mes sentiments et mon état d'esprit du jour. Si jamais il y avait des maladresses je m'en excuse.
Hier soir j'étais tellement fatiguée
que je me suis assoupie en regardant Supergirl. Une fois l'épisode
terminé, l'amoureux qui avait déjà eu un aperçu des tragiques
événements en court via Facebook a mis rapidement BFM...
Les yeux encore embrumés de sommeil je
fixais l'écran de télévision me demandant si j'étais bel et bien
réveillée. Je me posais la question si je lisais bien le bandeau
sur le bas de la télé : 80 morts...mais comment ça 80 morts à
Paris...WTF ?..en fond sonore j'entendais le mot attentat
retentir. J'ai relu le bandeau. Je l'ai relu à haute et
intelligible voix. L'amoureux et moi nous nous sommes regardé comme pour se
demander confirmation mutuellement de ce qu'on voyait/lisait à la
télé. Oui il y avait bien 80 morts. PUTAIN. J'étais abasourdie. Je
ne savais pas quoi penser, j'avais l'impression de cauchemarder. Ça
ne pouvait être qu'un rêve non ?
J'ai rapidement repensé à Charlie
Hebdo. Onze mois après ça recommençait...en bien pire.
Je regardais compulsivement Instagram
et Facebook, tout en restant sans voix devant BFM. J'écoutais, on y
parlait de kamikaze, de prise d'otage, de nombreux morts,
d'explosion. J'observais un extrait du match de foot amical en la France et l'Allemagne où un joueur
s'arrêtait net en entendant la seconde explosion le visage décomposé
et inquiet.
Le nombre de victimes ne cessait augmenter, le nombre
d'attaque aussi.
J'ai envoyé un message à ma mère lui
disant de mettre immédiatement BFM.
A la télévision on nous montrait
alors la foule sur la pelouse du Stade de France, on lisait
l'angoisse et la terreur dans leurs yeux.
Je restais sans voix incapable de mettre un mot sur l'émotion que je ressentais, incapable de mettre un mot sur cette horreur.
J'étais juste sonnée.
J'ai continué à regarder BFM du fond
de mon lit sidérée par les événements de la soirée...dire que
c'était la journée de la gentillesse...
Les messages d'hommage et de soutien
se sont multipliés sur les réseaux sociaux. Je n'avais pas envie
d'éteindre la télé mais je tombais d'épuisement et puis ça ne
servait à rien de rester devant la télévision toute la nuit. J'ai
fini par tout éteindre et m'endormir dans les bras de l'amoureux.
Moi qui aie du mal de m'endormir en ce moment, j'ai sombré
rapidement dans les bras de Morphée, quelle ironie.
Ce matin je me suis réveillée avec
une impression de gueule de bois, me demandant si j'avais fait un
mauvais rêve. L'amoureux a remis BFM... Comme la veille je suis
restée sans voix face à ses événements surréalistes.
Les heures ont passé, j'ai continué
ma petite vie parce qu'il le fallait bien. Ils n'attendent que ça
les terroristes, qu'on arrête de vivre et qu'on tremble de peur mais
aussi qu'on se déchire. J' ai essayé de vaquer à mes activités
tout en regardant compulsivement les informations sur mon téléphone
pendant que ma fille regardait tranquillement les dessins animés.
Je n'avais pas envie d'en parler à ma
fille, j'avais envie de laisser son innocence et son insouciance
intactes. Mais voilà, maintenant elle a 5 ans, elle comprend les
discussions des grands et puis je n'ai pas envie que quelqu'un
d'autre lui explique. Alors j'ai zappé quelques minutes sur BFM. On
a vu toutes les 2 la façade d'un restaurant trouée de balles. J'ai regardé ma fille et j'ai vu dans son regard toute son innocence :
cette image la laissait dans l'indifférence la plus totale. C'est
vrai que je lui ai souvent répété de nombreuses fois que la
télévision c'était pour de faux.
Je lui ai expliqué alors que des
méchants à Paris avait tué des gentils mais que la police était
là pour nos protéger, que tout était fini maintenant. Ma brève
explication l'a satisfait et elle a conclu en disant « les
méchants tuent toujours les gentils ».
Oui depuis la nuit des temps mon coeur...
La guerre est née avec l'être humain.
L'être humain s'entretue depuis des millénaires pour des conneries
entraînant dans sa barbarie toujours plus d'innocents. La chose qui
change cette année, c'est que ça se déroule chez nous, à nos
pieds, c'est palpable, ça nous touche de près. Mais le monde n'est
malheureusement pas plus fou qu'avant, il suffit de regarder un peu
en arrière et de voir combien d’innocents se sont fait gazer
pendant la seconde guerre mondiale, eux non plus n'avaient rien
demandé. Et combien y a -t-il eu dans le monde d'actes terroristes ?
Le 11 septembre n'est pas si loin. Les attentats en Tunisie non plus.
Hier ce n'est pas seulement la France qui a été attaquée mais
le monde. Aujourd'hui la menace est globale et personne n'est à
l’abri des attentats...PERSONNE... c'est bien ça le problème.
Ça ne sert à rien de faire des
amalgames, d'accuser nos politiques, de blâmer les migrants ou les
étrangers. Les terroristes n'attendent que ça: ces barbares n'ont
qu'un souhait celui qu'on se déchire jusqu'à la guerre civile.
Les heures passent, le bilan fait état
de 129 morts. 129 c'est un peu près le nombre de personne que l'on
était la semaine dernière lors de notre repas dansant de vendredi
soir.
Dans l'après-midi j'ai regardé la
vidéo d'un journaliste on y voit les gens s'enfuirent du Bataclan
tirant derrière eux des corps, des gens qui tentent de s'enfuirent
par les fenêtres...Mon sang s'est littéralement glacé, mon cerveau
a daigné enfin réagir (avec des informations trop souvent
anxiogènes, je prends souvent une distance avec les actualités) et
j'ai senti un profond chagrin m'envahir. 129 personnes sont mortes à
cause de la barbarie humaine et ce n'est certainement pas terminé
aux vues des blessés graves.
Ce soir nous sommes tous choqués, ce
soir nous sommes tous endeuillés.