Aujourd'hui j'avais envie de faire le
point sur mon alimentation qui en une année a vraiment bien évolué.
Souvent on ne se rend pas compte de nos progrès, il faut
alors prendre le temps de se poser 5 minutes et de regarder derrière
nous pour observer notre évolution.
Comme vous le savez probablement
pendant de nombreuses années l'anorexie a fait partie de ma vie avec
son lot de privations, de compulsions et de culpabilité. Pendant des
années j'ai eu cette impression de me battre dans le vide et
surtout que je ne verrais jamais le bout de cet enfer. Cette
guerre contre moi même pour aller mieux m'épuisait puisque je
faisais du sur place, à force c'est juste déprimant, on se
questionne sur l'utilité de la chose puisqu'il n'y a pas le moindre
résultat.
Je dirais au bas mot que ça fait un an
maintenant que je remange bien (alors je ne m'affamais plus depuis
la naissance de ma fille mais mon alimentation restait bien marquée
par la maladie malgré tout)et pour le coup je peux dire merci à
instagram. Si sur IG il y a de nombreuses filles qui se
sous-alimentent il y a celles-aussi qui mangent à leur faim et de
tout pour être en forme dans leur pratique sportive et en bonne
santé. J'ai donc pris exemple sur elles. Je me suis rendue compte
que finalement on pouvait manger plus sans grossir (enfin sans
dépasser son poids de forme quoi,à un moment donné il faut
accepter que notre corps est fait pour un certain poids même s'il ne
correspond pas à notre idéal et à l'idéal de la société) Il y a
aussi mes deux diététiciennes préférées qui lorsque j'ai un
doute me rassure.
Pendant longtemps le midi j'ai grignoté
yaourt et fruits...bref on peut pas dire que c'était un repas bien
que j'essayais de m'en persuader...ah le déni... Je me privais aussi
de nombreuses choses que j'appréciais sans forcément m'en rendre
compte...disant « non non j'aime pas »...genre la
galette des rois. Mais bien entendu que j'aime la galette des rois,
j'ai longtemps prétexté du contraire à cause de la richesse de ce
dessert.
L'été dernier j'ai commencé
doucement mais sûrement à remanger pour de « vrai ».
Ça s'est fait par étapes, j'ai réintégré dans un premier temps
un peu de féculent et en guise de protéines je prenais un shaker.
Les mois passant je suis revenue à un vrai repas de midi complet
aka une grosse assiette composée de protéines, glucides, légumes
et un yaourt Je ne vais pas vous mentir ça n'a pas toujours été
simple, pendant longtemps la peur de grossir était omniprésente.
Je me rassurais en me disant qu'au pire je savais comment m'affamer
et maigrir...oui on se rassure comme on peut. Encore maintenant il
m'arrive d'avoir des coups de flips mais coûte que coûte je
m'accroche.
L'année dernière j'ai décidé aussi
d'accepter toutes les compulsions au lieu de les repousser. De toute
manière une compulsion repoussée, c'est une compulsion qui revient
puissance 3. Si la compulsion est là c'est pour une raison : ça
peut être la faim, les émotions... Il faut l'accepter pour passer à
autre chose. Par exemple j'ai commencer à acheter un paquet de
gâteau qui me faisait envie et m'autoriser à le manger en entier.
Petit à petit j'ai vu mes compulsions diminuer, maintenant elles
sont quasiment inexistantes. Alors des fois j'ai des petits
accidents à cause du stress ou de mes émotions mais c'est
franchement du pipi de chat. Je m'autorise aussi des gros moments
de gourmandises parce que c'est bon et ça fait du bien au moral.
Hier j'ai eu un énorme moment de colère mêlé de stress avant
j'aurais ouvert le placard et mangé. Là je n'en ai pas eu envie.
J'ai pleuré. J'ai accepté ce que je ressentais. J'ai accepté le
fait que je ne pouvais rien y faire à part attendre que ça passe.
Ce qui a changé aussi c'est que je
m'autorise tous les aliments et du coup au fil des mois les
frustrations accumulées pendant des années se sont envolées. Quand
quelque chose n'est plus interdit, il ne nous obsède plus, c'est
aussi simple que ça. Vous
n'avez jamais remarqué que plus on essaie de contrôler notre
alimentation, plus ça part en grand n'importe quoi ?
J'ai d'ailleurs fait un test samedi
dernier pour voir où j'en étais dans mon alimentation. J'avais
acheté exprès un maxi pot de Ben & Jerry's que j'adore...aka le
peanut butter cup. Avant j'aurais
raclé le pot en entier car mon estomac aurait été sans fond
et j'aurais appliqué la théorie du foutu pour foutu. Là à la
moitié du pot je me suis arrêtée satisfaite et rassasiée.
Depuis mon reste de glace m'attend dans le congélateur attendant ma
prochaine envie.Avant j'aurais été hantée par ce reste de
glace. J'aurais tellement été obnubilée que je l'aurais déjà
avalé goulûment...maintenant ben je m'en fous. Je sais que lorsque
j'en aurais vraiment envie je mangerais ma glace et que non ça ne
sera pas la dernière glace de ma vie.
Tout l'hiver je me suis autorisée
régulièrement de la glace, du coup ce n'est plus un aliment
interdit donc je n'en ai plus envie. L'été dernier j'étais
encore capable de descendre une boite de magnum à moi toute seule
tout en me disant c'est la dernière fois...et j'attendais avec
impatience la prochaine glace que je m'en autoriserais une .
Là à ma grande surprise je m'en
balance de ma prochaine glace et ça me fait tout bizarre...et je
ressens une petite fierté.
Je vois aussi que ma relation à mon
alimentation s'est apaisée par rapport à mon petit déjeuner. Il
n'y a encore pas si longtemps j'étais obsédée par mon petit
déjeuner : le soir je pensais déjà à mon petit
déjeuner...des fois je passais 30 minutes au fond de mon lit à me
demander ce que j'allais manger le lendemain matin. Même si le petit
déjeuner reste mon repas favoris je ne suis plus là trépigner
d'impatience qu'il arrive.
Tous ces progrès ont pris du temps,
je dirais une bonne année. Et avant ça il y a eu 14 autres années
de combat. J'ai eu aussi des bas que j'ai combattu à bras le corps
parce que non la famine et les privations je ne veux plus. Je ne veux
plus de cet enfer. Je continuerais à me battre et à me méfier de
cette maladie insidieuse toute ma vie car je sais que même si je
vais mieux elle reste terrée dans un coin de moi.
J'ai appris à lâcher prise petit à
petit, doucement mais sûrement. Le lâcher prise est très
important que ce soit au niveau de l'alimentation, du sport ou du
reste car à si on ne lâche pas prise on s'épuise toute seule. Et
de toute manière il faut se faire à l'idée qu'on ne peut pas tout
contrôler.
Je suis fière de mes petites
avancées, j'y vais doucement mais sûrement, sans pression, sans me
presser. Le seul mot d'ordre avancer et ne pas reculer. Je veux
être heureuse, me sentir bien dans ma vie et j'ai bien compris que
ce n'est pas dans l’hyper-contrôle de son alimentation ou de son
corps qu'on trouve le bonheur.
Si vous aussi votre relation à
l'alimentation, à votre corps est difficile, ne perdez pas espoir.
Le combat peut être long mais il en vaut largement la peine.Le
bonheur ne se trouve pas dans un corps parfait, dans un poids, une
alimentation parfaite. Le bonheur c'est plus une manière de voir
la vie et tant qu'on reste centrée sur soi-même on ne peut pas s'en
rendre compte.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire