Le grand problème dans les troubles
alimentaires, c'est que lorsqu'on va mieux tout le monde pense que
tout ça est derrière vous, que c'est un lointain souvenir.
Contrairement à ce que je peux lire parfois on ne devient pas une ex
anorexique ou une ex boulimique...vous avez déjà entendu un
alcoolique dire que c'est un ex alcoolique ? Non. Les
troubles alimentaires nous les porterons en nous toute la vie comme
absolument toutes les addictions.
Alors ça ne veut pas dire qu'on ne va
pas aller mieux, loin de moi de dire ça. Aujourd'hui je vais
beaucoup mieux, je me considère « presque guérie » mais
je préfère nettement dire que je suis en rémission car je pars
du principe que les troubles alimentaires restent telle une épée de
Damoclès au dessus de nos têtes et de ce fait il faut rester
vigilante. Je me répète
puisque j'ai dû le dire dans un autre article, mais tant pis.
Il y a quelques temps je me
demandais comment j'avais pu à un moment de ma vie me laisser mourir
de faim, vouloir être toujours plus maigre...et me laisser enfermer
dans ce cercle vicieux des troubles alimentaires.
Et puis il y a une quinzaine alors que
j'allais mieux depuis des mois d'un coup tout est revenu en
boomerang. J'ai malheureusement eu ma réponse. J'ai recommencé
à regarder la nourriture en chien de faïence me demandant si je
devais mettre du lait végétal ou de l'eau dans mon porridge. Les
repas sont redevenus un enfer, j'ai dû lutter pour continuer à
manger. J'étais en colère de devoir revivre ça malgré tous mes
efforts au quotidien.
Même si au fil des jours je retrouve
mon équilibre, il y a des jours sans comme dimanche où je me sens
et me vois grosse, alors bien entendu mon cerveau du coup me dit
« Allez on arrête de manger » et moi je lui
réponds « mais tu
rêves, j'ai pas fait tous ces efforts pour rien »
et je serre les dents. Dimanche fût ainsi une journée difficile
tiraillée entre le mal-être et une colère noire. Quand on a
l'impression que tout est fini, finalement non...comme
l'impression que l'univers se moque de moi en me reprenant ce que
j'ai acquis à coup de pleurs et de sueurs.
Cette lutte quotidienne est
invisible aux yeux des autres, ils ne se rendent absolument pas
compte de la dualité de mon esprit .C'est fatiguant, épuisant.
D'ailleurs ces dernières semaine je suis vidée.
Le pire je crois c'est quand tu
expliques ce que tu vis à quelqu'un, et que la personne en face de
toi te dit qu'il faut faire encore plus d'effort et penser aux
autres. Des efforts j'en fais tous les jours, chaque journée est
un combat contre moi-même et mes démons, et je commence à être
lasse d'entendre que je dois me battre pour les autres. Mince la
première concernée dans l'histoire c'est moi. Si je veux aller
mieux c'est pour moi, et justement je reste persuadée que « la
guérison » est égoïste. Si on ne veut pas profondément
et viscéralement guérir, on n'y arrivera pas. Parce que oui pendant
des années je ne voulais pas guérir « vraiment », alors
bien entendu je disais le contraire, (et me mentais à moi même pas
l'occasion) mais au plus profond de moi je voulais garder une part de
mes TCA, cette part qui me rassurait et me permettait de gérer mes
angoisses.
Et puis un jour j'ai vraiment eu envie
d'en terminer avec les TCA . L'année qui s'est écoulée marque mes
plus grands progrès. Alors bien entendu tout est loin d'être tout
rose, mais je m'attarde uniquement sur le positif et laisse le
négatif derrière moi parce que c'est comme ça qu'on avance.
Ce que je ne m'attendais pas,
c’était le retour en flèche de mes angoisses...mais j'aurais
dû m'en douter puisque je les canalisais avec les TCA, bref du coup
je suis souvent stressée et angoissée et ça sans raison
particulière. Plus les mois passent, pire c'est. Une fois de plus je
me bute à l'incompréhension des gens qui ne comprennent pas. Comme
si c'était fun de se sentir mal, non c'est bon y a des moments
niveau mal-être je fais des bonds de 15 ans en arrière et ça me
glace le sang.
Téléphoner m'angoisse. Prendre la
route m'angoisse (et encore je ne conduis pas). Les sorties d'école
m'oppressent...en plus la maîtresse me gonfle tellement que je finis
par stresser à mort d'aller récupérer ma puce. Casser mon
quotidien m'angoisse. Le futur lointain m'angoisse. Partir en
vacances m'angoisse... Bon je ne vais pas faire la liste exhaustive
mais bref vous voyez le topo, elle est fun ma vie d'angoissée
chronique, nan ?
Je suis fatiguée de toutes ces
foutues angoisses qui me paralysent et me rendent malheureuses. J'ai
entamé des démarches pour soigner mon « côté
anxieux/stressé » parce que non je ne me vois pas passer toute
ma vie comme ça. Je n'en peux vraiment plus de tout ça. Ces
démarches d'ailleurs m'angoissent, ça serait pas drôle sinon. Y a
peut-être de ça que les TCA reviennent me titiller, le vieux
réflexe pour gérer mes angoisses...plus quelques blessures passées
qui me pèsent sur le moral...enfin surtout une.
Enfin bref, je vais tenir le cap parce
qu'il faut et surtout parce que je le veux. Et comme on dit la chute
n'est pas un échec, l'échec c'est de rester là où on est tombé.
Coucou Angélique,
RépondreSupprimerJe te suis sur instagram et j adore lire ton blog et reproduire tes recettes.
J ai moi aussi un passé de TCA et lorsque j ai lu ton article j ai cru que tu lisais dans mes pensées et que c était de ma vie entière dont tu parlais lol je ressens tellement ce que tu as écris c est dingue !!!
En tout cas je voulais te remercier car tu es vraiment une fille geniale, c est vraiment un plaisir de te suivre tous les jours sur IG. Tu ne caches rien, tu montres que toi aussi tu as des mauvais jours. Tu es une des mes sources de motivation au quotidien. Surtout ne change rien.
Gros bisous.
Emilie (emyfitmum2a sur IG )
De rien ma belle et merci pour ton commentaire, il me va droit au coeur. Bisous
SupprimerBonjour
RépondreSupprimerJe suis votre blog (que je trouve super d'ailleurs) depuis quelques temps et votre article est très bien écrit. Plus jeune, j'ai également été touché par les TCA (je faisais du vélo en compétition, et toujours vouloir faire mieux, j'ai commencé à surveiller mon alimentation, d'abords la qualité puis la quantité...et une fois que l'engrenage est lancé, c'est la descente aux enfers), puis j'ai réussi à remonter la pente, toute seule comme une grande. Maintenant, comme vous, je ne m'estime pas complètement guérie, même si j'ai retrouvé un poids normal, que j'ai un boulot assez physique et que le sport est pour moi une passion que je pratique quotidiennement. L'alimentation garde une place importante et j'estime que mon comportement de ce coté là n'est pas naturel et spontané comme il devrait l'être, même si je mange de tout et que je suis une vrai gourmande ;-) Enfin, tout ça pour dire que j'approuve à 100% vos paroles, les gens qui parlent ne peuvent pas savoir comment ça se passe. Pour eux, c'est tellement simple, il suffit de manger voyons! Pour parler des TCA, il faut les avoir vécu. Et, en tant que "presque guérie" les TCA resterons pour moi une étape de ma vie qui m'aura marqué, laisser des traces, que je ne pourrais oublier et qui me font peur, le peur de "replonger, la grande perfectionniste et stressée que je suis...
Merci encore pour votre témoignage!
De rien :-)
SupprimerJe vis avec la même peur. Déjà la peur de retomber dans la dépression et puis aussi celle des TCA, je ne sais pas si j'aurais le courage de refaire à nouveau tout le chemin que j'ai déjà parcouru. C'est pour ça, je m'accroche. J'espère de tout coeur en tout cas, que tu resteras "presque guérie" et qu'on parviendra à maintenir notre petite vie comme ça